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Jon Stone

Après avoir ramené Pike et son ami à leurs voitures, Jon Stone fit demi-tour et retourna sur les hauteurs de la ville, mais il ne rejoignit pas directement son poste de guet. Il comptait le faire après avoir réglé un petit détail.

Il se gara juste devant la villa de Grebner et remarqua que la moitié des véhicules stationnés devant les villas du coin étaient des Rover ressemblant comme deux gouttes d’eau au sien. Il en compta deux blancs et un gris métallisé, mais tous les autres étaient noirs. Se garer dans ce quartier était aussi facile pour lui que de cacher un arbre au milieu d’une forêt.

Stone descendit de son 4 x 4 et alla ouvrir le hayon arrière. Il fouilla dans sa boîte à outils, sélectionnant un joli petit Sig 9 mm qu’il avait lui-même reconstitué et un silencieux assorti, également fabriqué par ses soins. Il vissa le silencieux sur le canon, s’assura que personne ne l’observait, verrouilla le Rover et entra chez Grebner.

Celui-ci, debout, se contorsionnait devant un miroir pour essayer de voir son dos. Il avait réussi à saisir une paire de ciseaux et tentait de sectionner les entraves qui lui liaient les poignets.

À l’arrivée de Jon, Grebner se retourna, vit le Sig, et devint pâle comme un mort.

— Le mec qui vient de passer, celui aux lunettes noires, tu te rappelles ? dit Jon. Lui, c’est le gentil.

Il arracha ses ciseaux à Grebner, lui faucha les jambes et le regarda s’écrouler sur la mosaïque.

— Regarde bien, dit-il.

Les deux hommes du jardin virent Stone s’approcher d’eux et tentèrent de s’échapper en rampant comme un couple de chenilles. L’un d’eux glapissait en serbe alors que l’autre, Jon Stone dut lui reconnaître ce mérite, se contentait de ramper.

Jon empoigna celui qui glapissait par les chevilles, le traîna jusqu’au bord de la piscine et le fit tomber à l’eau. Le deuxième avait réussi à se glisser contre le bar quand Jon le rejoignit. Lui aussi fut traîné vers la piscine et poussé dedans. Ils se débattirent comme deux poissons échoués sur la plage, suffoquant et soulevant des gerbes d’éclaboussures.

Grebner réussit à se remettre sur pied et courut vers la porte d’entrée, mais il perdit un temps considérable à tripoter le verrou, que Jon avait remis en entrant. Jon le rattrapa à la porte, le projeta à nouveau au sol, et le traîna jusqu’au salon sans effort : ce mec glissait tout seul sur la mosaïque.

— Tu as une belle baraque, au fait, dit Jon. Vue sublime, design nickel. L’architecture est mon dada.

Jon le traîna dehors et lui souleva la tête par les cheveux pour lui montrer les éclaboussures que produisaient ses hommes de main en se débattant dans l’eau.

— Tu vois ça ? Tes gars sont en train de se noyer. S’ils avaient reçu un entraînement digne de ce nom, si c’étaient de vrais tueurs d’élite, ils sauraient quoi faire. Le mec qui est venu te voir ? Les lunettes noires ? Il aurait su quoi faire, lui. Moi-même, si tu me balançais là-dedans comme ces connards, je m’en sortirais les doigts dans le nez.

Jon jeta un regard vers la piscine : il y avait de moins en moins d’éclaboussures.

— Sauf que tu n’arriverais pas à m’y balancer.

— J’ai déjà dit tout ce que je sais à l’autre, fit Grebner.

— Je sais. C’est juste que je n’avais pas envie qu’il soit le seul à s’amuser. Ça te dirait de piquer une tête ?

— Non !

Jon sourit. Il n’avait pas l’intention de le pousser dans l’eau. Son sourire s’effaça.

— Tu as un message à transmettre. Je suis juste venu m’assurer que tu le feras dans les temps. Tu tâcheras d’y penser, hein ?

— Oui !

— Je m’en doutais. Et maintenant, laisse-moi te poser une question : Jakovic a un acheteur ?

— Je ne sais pas. Michael dit que non, mais je ne sais pas.

— Parlons-en, de Michael. Pourquoi est-ce qu’il veut tellement récupérer tout ce matos lourd ?

Grebner détourna les yeux, Jon en déduisit qu’il réfléchissait. Ce n’était pas bon. Stone lui expédia son poing dans le nez. Une fois, deux fois, trois fois.

Un flot de sang jaillit des narines de Grebner.

— Les Arméniens lui ont fait une offre, dit-il. Nettement au-dessus du prix du marché. Ça peut lui rapporter gros. Plus que gros.

— C’est-à-dire ?

— Trois millions de dollars. Peut-être plus, à ce qu’il dit.

Stone laissa retomber la nuque de Grebner sur le sol. Il admira un instant le panorama, envisagea brièvement de sortir ces deux crétins de la piscine, puis décida que non. Il se contenta de tapoter le crâne de Grebner.

— Tes gars ont merdé pour de bon, ce coup-ci.

Jon ressortit de la belle villa, démonta et rangea son arme, puis reprit sa position au coin de la rue.

Il ouvrit son portable et contacta un ami bien introduit sur le marché des ventes d’armes clandestines.

— Eh, vieux ! Qu’est-ce qui se raconte sur ces AK ?

Assis derrière son volant, il attendit ensuite qu’il se passe quelque chose en se remémorant les bons moments avec Frank Meyer en terre étrangère.